Je ne vous apprendrai rien en vous disant que j’avais abordé le week-end de course avec l’intention de mettre le plus d’engagement possible. C’est ma marque de fabrique. Mais cette fois-ci je souhaitais aller plus loin dans l’intensité car le Nurburgring est un circuit unique. Unique par la taille (25 kilomètres), par son affluence (environ 150 000 spectateurs) par ses caractéristiques (la Nordschleife et une partie grand prix sont juxtaposées) et par son déroulement (les voitures du championnat ETCC se mêlent à celles du championnat WTCC). Une singularité qui s’est d’ailleurs étendue jusque dans les scénarios de qualifications et de courses du paddock…

Une FP1 spectaculaire

Lors des Free Practices du jeudi et du vendredi, notre intention était de procéder au plus d’essais possibles – notamment au niveau des pneumatiques – afin que je sois dans des conditions de pilotage proches de celles de la course. Malheureusement cette phase de test a été partiellement avortée par l’accident du pilote qui me précédait en FP1. Sous mes yeux, à environ 200 km/h, ce dernier a violemment percuté le rail de sécurité ! Pour un pilote ce n’est jamais anodin d’assister  « en live » à ce type de situation car il vous extraie brutalement de votre bulle et vous rappelle la dangerosité de l’exercice.

ETCC et crevaisons en série lors de mes qualifications

Les FP de la veille ayant été raccourcies par l’accident, je n’ai pu rôder les réglages réalisés sur ma voiture (freins neufs) que durant cinq petits tours lors de la FP2. Un handicap lorsque l’on sait qu’il n’y a qu’une seule phase de qualification au Nurburgring (une spécificité de plus !) Malgré tout, mon objectif était de finir parmi les dix premiers de la séance. Pour cela je disposais de trois tours. Et le moins que l’on puisse dire c’est que rien ne m’aura été épargné.

Premier tour : grâce à l’organisation ubuesque de la course je me suis retrouvé au milieu des concurrents ETCC en tentant d’échapper à un rival trop lent. Deuxième tour : un des pneus du concurrent positionné juste devant moi explose littéralement. La piste est encombrée. Résultat, je perds environ quatre secondes. Une perte de temps décisive dans ma coure aux dix premières places. D’autant plus que lors du troisième tour un de mes pneus a crevé précisément au même endroit que mon concurrent précédent… Résultat, je n’ai pas pu faire mieux que le 16ème temps. Une position d’autant plus rageante qu’elle est la conséquence d’événements imprévisibles.

Crevaisons (encore) et trahisons mécaniques

En partant de la seizième position je n’avais qu’une idée en tête : me lancer à l’assaut des dix premières places. Dès que le feu est passé au rouge j’entamais ma remontée. Treizième, puis douzième j’avais le vent en poupe… Jusqu’à ce que la lame de mon pare-chocs en décide autrement en se fissurant et provoquant de fortes vibrations. Ce type d’incidents entraînant une non-conformité du véhicule : j’ai dû m’arrêter. Un scénario désastreux ! Mais je n’ai pas été le seul à être fauché en plein vol lors de cette course. Le leader et un autre pilote ont également dû s’arrêter à cause de l’explosion de leurs pneus…Respectivement les dixièmes et les onzièmes crevaisons du week-end. Du jamais vu…

Après m’être remobilisé mentalement, j’entamais la deuxième course. De nouveau je doublais deux véhicules mais devais quasiment m’interrompre là… En effet, épuisés par le tracé long du Nurburgring mes freins ont rendu l’âme alors même que la stratégie de course établie avec l’équipe prévoyait une fin de course rapide…

Quand vous faîtes des erreurs de pilotage ou de stratégie et que les résultats ne sont pas au rendez-vous, vous ne pouvez vous en prendre qu’à vous-même. En revanche lorsque c’est la mécanique ou la qualité des pneumatiques fournis par l’équipementier officiel du circuit qui s’en mêlent vous êtes frustrés et désarmés. Deux sentiments éprouvés un jour ou l’autre par tous les pilotes du circuit. Mais ces ressentis doivent être fugaces sous peine de vous décourager. Et le meilleur moyen de les dissiper est de se remettre au travail. C’est précisément ce que j’ai fait dès le lendemain de la course…