Tous les pilotes vous le diront : le changement n’a pas que du bon… Surtout quand il est appliqué au circuit Moulay El Hassan de Marrakech ! Désormais, aux bordures bétonnées et au temps lourd s’ajoute un raccourcissement de la piste. Des paramètres qui ont soumis l’ensemble du paddock à une véritable injonction paradoxale – rouler prudemment mais de façon libérée – et ont influé sur mon week-end de course. De façon inédite.

Des FP contrastées

Lors de la première Free Practice, l’équipe et moi-même avons fait le choix d’équiper la voiture en gros freins précisément pour contourner l’écueil climatique. Un choix peu judicieux car j’avais la sensation de freiner sur de l’huile. Pas à mon aise, pas rassuré non plus, j’ai traversé ma FP1 comme une ombre. Pour ne pas reproduire la même performance en FP2, j’ai changé à la fois d’état d’esprit et de freins. Exit les gros pour de plus petits et au placard les doutes. En confiance, j’ai été plus offensif, plus agressif au point de réaliser le 13ème temps et de frôler le 12ème temps de la séance d’essais.

Une Q1 paradoxale

Au moment d’aborder les qualifications, je me suis rendu compte que ma FP1 m’avait marqué dans des proportions que je n’imaginais pas. Alors que j’aurais dû capitaliser sur ma performance en FP2 c’est plutôt l’inconfort et l’hésitation qui prenaient le dessus. Etait-ce lié à la crainte d’abîmer ma voiture (la hantise de tous les coureurs indépendants) ? Ou était-ce plutôt le manque de repères dû à un roulage insuffisant ? Quel qu’en fut la cause cette sensation a présidé à une performance moyenne (15ème temps).

Un rituel salutaire

En plus du traditionnel travail analytique réalisé avec l’équipe, j’ai profité de l’avant-course pour me livrer à une importante séance de visualisation. Un rituel qui m’est aussi utile qu’un tour de piste car il agit sur ma confiance et mon sentiment de maîtrise.

Un exercice dont j’ai récolté les fruits dès le début de la course 1. Au terme du cinquième virage, je grimpais de 4 places dans la hiérarchie de la course. Et alors que la 8ème position était dans ma ligne de mire ma roue gauche a commencé à montrer des signes de faiblesse avant de totalement se détacher de mon véhicule et d’endommager mon frein. Le verdict est immédiat : fin de la course !

Trois heures plus tard – le temps nécessaire pour faire redescendre ma frustration et mon énervement – je retrouve la piste. Une piste mouillée. Pourtant, alors que tout dépassement pouvait sembler impossible du fait des conditions météo et de nos choix de pneumatiques (j’avais des pneus pluie avec une pression insuffisante), je parviens à rattraper deux de mes adversaires.

Franchement, ce week-end a été le plus pénible depuis le début de la saison. J’ai douté, j’ai fait des choix parfois judicieux, parfois à contretemps et j’ai été trahi par la mécanique. Pour la première fois  j’affrontais autant d’éléments contraires de façon simultanée. Et en plus je ne suis pas entré dans les points au classement général. A l’issue d’une analyse un peu rapide on pourrait donc statuer qu’il n’y a que du négatif à retenir de ce week-end.

Or c’est précisément le contraire. J’ai su m’adapter à un circuit dont les caractéristiques sont hostiles aux jeunes pilotes, je suis parvenu à trouver en moi les ressources nécessaires pour combattre l’inconfort et l’hésitation et enfin j’ai progressé à la 4ème place du championnat des indépendants !